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Carmenseitas

Jeudi 8 juillet 2010

Un peu de douceur dans un monde de brutes. Et une chanteuse qui, dans un monde ouvrier au féminin, interprète un flamenco à fleur de peau ou un jazz de velours. C'est le postulat de Michèle Fernandez, qui intervient en interludes dans Carmenseitas, mis en scène par Agnès Regolo. Sur scène, des travailleuses de la Manufacture des tabacs de Marseille (1890-1990), qui, avant-guerre, usinaient 11 heures par jour, sans avoir le droit de moufter.

Finalement, c'est le thème de la soumission dans sa globalité qui est ici traité. Soumission face au mâle de la maison ou soumission face au patron de l'entreprise, qui interdit de sourire et de parler. Le rire et l'émotion viennent avec à propos strier le propos qui, en 2010, vaut d'ailleurs encore pour nombre d'ouvriers de par le monde. Mais le vrai plus amené par Agnès Regolo, c'est ce personnage fil rouge campé par Edmonde Franchi. A notre époque, on la suit en train de galérer pour essayer de trouver des témoignages d'anciennes ouvrières. La faconde et la présence naturelle de Franchi faisant le reste.

Carmenseitas touche aussi au coeur en refusant (ç'eût été une facilité) de se rouler dans la farine d'une pagnolade pimentée; il évite aussi le chausse-trappes du féminisme exacerbé, qui tendait largement les bras au spectacle.

Cela confère une force encore plus grande à cette épopée du bas de l'échelle sociale. Le traveling sur un monde perdu. A ne surtout pas rater.


Carmenseitas à 13h15 au Chêne Noir; 8/20€; 04 90 82 40 57.
D'autres infos sur le site du Off.


 

Fabien Bonnieux